En cette période électorale, le Sous-préfet de l’arrondissement de Béthune, comme tous les hauts fonctionnaires représentant l’Etat, a un devoir de réserve. L’hommage rendu en 1923 par le Maire de Béthune au Sous-préfet n’aurait pas été possible aujourd’hui.
« Lorsqu’il y a trois mois, le gouvernement de la République vous a conféré la haute distinction de Chevalier de la Légion d’honneur, vos amis et ils sont nombreux ont tous éprouvé la plus grande et la plus légitime satisfaction ». Ces mots prononcés il y a 84 ans jour pour jour, le 23 avril 1923, par Jules Senis résonnent comme un véritable hommage à Myrtyl Stirn qui fut Sous-préfet de Béthune dès 1918. Dans ce discours, le maire donne des indications précieuses sur la sous préfecture et sa situation après la première guerre mondiale.
Au sortir de la guerre, la sous-préfecture se dressait au milieu des ruines. L’action du Sous-préfet Stirn fut alors décisive selon Senis « votre premier souci a été de vous établir un programme de travail pour la reconstitution de cette région dévastée et de vous tracer un itinéraire qui vous permettait de parcourir le plus rapidement possible votre arrondissement, d’en constater les ruines et les besoins les plus urgents ». La situation était telle qu’en 1918 on parlait de déblaiement de la ville. Le Ministre du Blocus et des régions libérées avait même promis d’affecter à la ville de Béthune 450 prisonniers allemands pour procéder aux travaux de déblaiement et d’assainissement de la ville.
Toutefois, le déblaiement tant attendu tardait et le conseil de Béthune constatait le 8 décembre 1918 que « l’administration n’a rien fait pour enlever les matériaux qui encombrent la voie publique. Cette situation très dangereuse au point de vue de l’hygiène est désastreuse pour la reprise de la vie normale ». Autant dire que Béthune allait avoir besoin de l’énergie et de la détermination de son Sous-préfet pour faire entendre la voix de l’arrondissement de Béthune à Paris.
Plus qu’un discours, ce document conservé aux Archives municipales de Béthune est un véritable témoignage sur les conditions qui régnaient à Béthune après 1918. Au delà de la situation béthunoise, il a le mérite de montrer l’implication de l’Etat, à travers l’action du Sous-préfet, pour effacer les traces d’une guerre traumatisante.
Arnaud Willay (parution dans La Voix du nord, le 29 avril 2007)
Illustration : Jules Senis, maire de Béthune