Durant les travaux du parking souterrain, l’horloge du beffroi est restée désespérément figée à 9H15 à la grande surprise de nombreux béthunois. Déjà, au 19ème siècle, l’horloge faisait l’objet de toutes les attentions.
La question était suffisamment importante pour être inscrite à l’ordre du jour du conseil municipal du 3 novembre 1877, à l’époque où Charles Dellisse Engrand était Maire. Celle de transformer l’ancien cadran du beffroi en un cadran éclairé. En effet, « à l’occasion de la réparation de l’horloge du beffroi, Monsieur le Maire avait demandé à M. Beignet, horloger mécanicien ce que coûterait un cadran éclairé permettant de voir l’heure la nuit ».
Quelques mois auparavant, le 14 juillet 1877, le conseil vota un crédit et confia à Eugène Beignet, horloger mécanicien et fournisseur de la ville de Paris le soin de restaurer l’horloge du beffroi. Des horloges qui dateraient de la même époque que le beffroi de Béthune.
En effet, les premières horloges mécaniques seraient apparues au XIVème siècle. Au début, elles sonnaient les cloches et n’avaient pas de cadrans. Au XIXème siècle, l’industrialisation de l’horlogerie permettra à tous de posséder une horloge ou une pendule. D’ailleurs l’uniformisation du temps est devenu une nécessité à cette époque avec le développement du chemin de fer. La maîtrise du temps va avoir un intérêt certain dans les usines dans le contexte de la Révolution industrielle (mesure du temps de travail et de la productivité).
Dans son livre des beffrois et des hommes, Marie-Lavande Soleille Laidebeur insiste dans un chapitre consacré à l’horloge sur le rôle économique qu’elle pouvait avoir : « Les beffrois ont joué un rôle déterminant dans la structuration du temps. Pour les marchands, l’organisation de la cité et d’un réseau commercial à longue distance va imposer de compter le temps…le temps se renouvelle : il devient mesuré, orienté et perceptible. Il acquiert une valeur marchande ».
Il n’est donc pas étonnant de voir à côté du beffroi de Béthune, que les autres tours médiévales de la région possèdent une horloge : les beffrois d’Arras, Calais et de Dunkerque sont des exemples significatifs.
Arnaud WILLAY (parution dans La Voix du Nord, le 19 août 2007)