« Ma petite maman chérie, mon tout petit frère adoré, mon petit papa aimé, je vais mourir ! »…ces quelques mots écrits par le résistant communiste Guy Môquet témoignent de la richesse des documents conservés sur la seconde guerre mondiale par les services d’archives et autres lieux de mémoire. Des documents pour ne pas oublier le douloureux passé des années 1939-1945. A côté de ce témoignage poignant, certains documents, plus administratifs, montrent la dureté de l’occupation et de sa réalité. C’est le cas de la correspondance envoyée par le sous-préfet de Béthune, le 12 juillet 1943 aux maires : « au terme de l’ordonnance de l’OFK de Lille en date du 12 novembre 1940, sont interdits à la population, la pose de drapeaux sur les immeubles…en outre et conformément à la réglementation en vigueur dans le reste de la France, il est absolument interdit d’installer le drapeau tricolore et de jouer la marseillaise ». Une interdiction qui pouvait souffrir de quelques exceptions sur autorisation des autorités d’occupation et de la kreiskommandantur.
Loin de l’émotion suscitée par les écrits de Guy Môquet, la correspondance signée par le sous-préfet de Béthune témoigne de la froideur de l’occupation allemande : la négation des valeurs de la France : les symboles sensés alimenter le patriotisme, hymne national, drapeau, étaient interdits. Comme le souligne Yves Le Maner dans l’avant propos du livre le Nord-Pas-de-Calais dans la main allemande « la présence allemande dans le Nord-Pas-de-Calais revêt un caractère massif et visible…impossible de traverser les années 1940-1944 sans croiser régulièrement des allemands ». Des allemands qui étaient implantés à Béthune dès mai 1940 avec la prise de fonction d’un kreiskommandant en juillet 1940.
C’est dans ce contexte qu’allaient naître dans l’arrondissement des mouvements de résistance auxquels aurait pu s’identifier Guy Môquet.
Arnaud Willay (parution dans la Voix du Nord, le 28 octobre 2007)