"Le tigre" en visite à Béthune en août 1919
Le 15 février dernier, Jacques Chirac ordonnait le retour d'Inde du Clemenceau marquant un nouvel épisode du feuilleton sur le désamiantage du porte-avions français. Triste fin pour ce bâtiment de guerre qui porte le nom d'une grande figure de notre histoire nationale : Georges Clemenceau (1841-1929).
Celui que l'on a appelé "le tigre" a marqué de son empreinte l'histoire politique du pays. Opposant à Napoléon III, il fut élu député et s'opposa à Jules Ferry sur la question de la colonisation. Farouche opposant politique, on le surnomme le tombeur des ministères. Evincé de la politique par le scandale de Panama, il revint avec l'affaire Dreyfus. En 1906, il devint Président du Conseil en formant un des plus longs ministères de la IIIème République.
Celui que l'on a surnommé le père de la victoire après 1918 a marqué le passé béthunois. Le 10 août 1919, Georges Clemenceau visite Béthune encore champ de ruines. Le Maire, le docteur Lejeune l'accueille en des termes élogieux : "Votre passage à Béthune, Monsieur le Président, me vaut l'incomparable honneur de saluer en votre personne le grand homme d'Etat que l'Histoire doit immortaliser...La ville de Béthune est aujourd'hui très fière de recevoir le glorieux artisan de la victoire".
Ces quelques mots du premier magistrat d'une ville qui n'est pas encore relevée des bombardements peuvent paraître convenus. Ils ont le mérite de montrer la perception laissée par Clemenceau après 1918. En tant que Président du Conseil, le Tigre était au courant de la situation de la cité de Buridan "Oui, je savais le martyre de votre ville, j'en ai été le témoin lors de mes visites durant la guerre...Béthune ne sera pas oubliée. Je vous en donne l'assurance...".
Ces paroles du chef du Gouvernement ne sont pas restées sans effets. C'est Georges Clemenceau qui adresse un rapport le 4 décembre 1919 à Raymond Poincaré, Président de la République, afin de demander "l'attribution de la Croix de la Légion d'honneur à la ville de Béthune en récompense de la conduite héroïque de ses habitants au cours de la guerre". Le lendemain, le décret attribuant la prestigieuse décoration à la cité de Buridan est signée par Raymond Poincaré.
A. Willay (parution dans la Voix du Nord, le 26 février 2006)