Une distinction gravée dans la pierre,
Beaucoup d'entre vous connaissent l'hôtel de ville réalisée par Jacques Alleman après la première guerre mondiale. En admirant ce lieu, symbole de la démocratie locale, vous pouvez contempler une architecture monumentale caractéristique des années 1920.
Mais, en levant la tête, avez-vous déjà remarqué qu'une croix imposante était gravée sur le fronton de la mairie ? En effet, l'ensemble de la façade est totalement armorié : emblèmes, sauvages armés de masses, motif de la Légion d'honneur. La présence de cette distinction à plusieurs mètres du sol n'est pas due au hasard de l'humeur de l'architecte, mais correspond à une réalité historique.
L'explication se trouve simplement dans le proçès-verbal du conseil municipal tenu le 16 décembre 1919, au lendemain de la première guerre mondiale. On y trouve un discours du Président de la République remettant, à la ville de Béthune, la Croix de la Légion d'honneur et la Croix de guerre : " quatre longues années de bombardements par canons et par avions, des incendies, des ruines, des morts, une perpétuelle menace d'invasion et, pour finir, l'exil de toute une population ; au milieu de ces épreuves, une confiance inébranlable, une volonté inflexible, une énergie indomptable. Voila en deux mots quelle a été pour vous, Messieurs, la douloureuse histoire de cette guerre... C'est à vous tous, que j'exprime la reconnaissance nationale, en remettant à votre valeureuse cité, au nom du gouvernement de la Républiqiue, la Croix de la Légion d'honneur et la Croix de guerre".
Jules Senis, maire de l'époque, répondit à cette distinction que c'était "la digne récompense de notre courageuse cité dont la population est toujours restée à son devoir sous les bombardements incessants qui faisaient presque chaque jour des victimes".
Mais, en levant la tête, vous ne savez pas encore tout de l'histoire de l'hôtel de ville. Alors, rendez-vous en septembre prochain ! A l'occasion des Journées du patrimoine, vous pourrez découvrir les petits secrets qui ont entouré la reconstruction de ce monument.
A. Willay (parution dans La Voix du Nord, le 13 août 2005)