9 avril 1918 : une date oubliée,
Parmi les dates emblématiques de notre mémoire collective figure celle du 11 novembre 1918, marquant l'armistice de la Première guerre mondiale et la défaite de l'Allemagne. L'histoire locale peut retenir celle du 9 avril 1918.
En effet, il y a 88 ans, jour pour jour, le 9 avril 1918, l'offensive allemande en Flandres débuta. Celle-ci fut marquée par la prise de Laventie, Richebourg, Armentières et Locon. Quelle allait être le sort réservé à Béthune ?
Cette date marqua dans un premier temps un arrêt de l'offensive allemande, stoppée aux portes de Béthune. Toutefois, cela était loin de signifier la fin de cette offensive qui intervenait après quatre années de guerre. En fait, le répit allait être de courte durée pour la cité de Buridan.
Qui de mieux pour en parler que Monsieur Morel, conseiller municipal faisant fonctions de Maire. Sa comunication effectuée lors du conseil municipal du 31 août 1918, retaçant les faits marquants après le 9 avril, ne laisse rien augurer de bon pour Béthune. Ce conseil municipal, compte tenu des événements, s'était réuni à l'hôtel de ville de ...Berck sur Mer. Pour Alexandre Morel : "l'ordre inattendu d'évacuation nous a été notifié le 12 avril par lettre de Monsieur le Sous-Préfet...Alors commence l'exode de nos malheureux concitoyens, qui pendant quatre années, montrèrent tant de courage par trop méconnu...nous leur souhaitons toute la volonté nécessaire pour supporter la douleur de l'exil ".
Les propos de l'élu prononcés on l'imagine avec beaucoup de gravité sont confortés par le récit historique effectué dans l'histoire de Béthune-Beuvry : "Les Allemands franchirent la Lys et menacèrent Béthune...en quelques heures, Béthune et ses environs se vidèrent de leurs habitants".
Les allemands avaient donc la volonté de prendre Béthune pour mieux atteindre Calais. Les troupes britanniques réussirent au final à endiguer la progression allemande. De rage, l'état major allemand faisait bombarder le 20 mai 1918 le coeur de Béthune qu'il n'avait pu prendre. A travers ces bombardements du 20 mai, la ville avait donc payé un lourd tribut à la bataille des Flandres. Une autre date...à ne pas oublier !
A. Willay (parution dans la Voix du Nord, le 9 avril 2006)