Alors que le printemps pointe le bout de son nez
12 mars 1876 : un ouragan s’abat sur Béthune
Ouf ! Les températures remontent. Les conditions météorologiques vont peut être dans les prochains jours faire mentir le proverbe du mois selon lequel, en avril, ne te découvre pas d’un fil. Un dicton qui était jusqu’ici d’actualité tant la grisaille planait au-dessus de nos têtes.
Au-delà du mois d’avril, Béthune a parfois connu des conditions météorologiques désastreuses durant cette période de l’année. L’année 1876 nous offre une anecdote historique tellement marquante qu’elle fut inscrite dans le registre des délibérations du conseil municipal : Béthune a été victime…d’un ouragan !
L’autre dicton selon lequel il n’y aurait plus de saison est lui aussi malmené par les annales.
En effet, si l’on compulse le registre de cette année, on apprend lors de la séance du conseil du 24 mars 1876 que « l’ouragan du 12 mars 1876 est en fait insolite…Les sieurs Druon et Robillard ont écrit à monsieur le Maire pour lui signaler les dégâts occasionnés dans leurs habitations par l’ouragan du douze mars et pour obtenir un secours de la ville… ».
Le Maire de la ville, Charles Dellisse-Engrand s’était bien gardé d’indemniser les victimes. Il s’en était remis aux députés nordistes qui avaient déposé à la Chambre une demande tendant à ce qu’une somme de un million sept cent mille francs fut consacré aux victimes de cette grosse tempête.
Finalement, la Chambre des députés vota un crédit de 1 750 000 francs pour venir en aide aux victimes des intempéries. La Chambre des députés était présidée depuis le 13 mars 1876 par un certain Jules Grévy. Cette Chambre avait voté le déblocage rapide de fonds seulement quelques jours après son entrée en fonction, le 8 mars 1876. Une recherche dans les documents conservés aux Archives nationales dans la série C (documents issus des assemblées nationales depuis leur création jusqu’en 1919) pourrait sans doute éclairer les choix qui ont guidé cette décision d’aide ô combien importante pour les régions sinistrées.
Et pour cause, cet épisode météorologique n’a pas touché que Béthune. Il a aussi marqué l’histoire des communes avoisinantes. Dans de nombreux récits sur le passé de celles-ci, comme c’est le cas pour Beuvry, l’ouragan de 1876 est bel et bien mentionné. En tout cas, cet événement climatologique aurait bien pu se dérouler…en avril !
A. Willay (parution dans La Voix du Nord, le 23 avril 2006)
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