Le beffroi, au coeur de la cité en fête,
La ville de Béthune, également baptisée cité de Buridan (en hommage au philosophe béthunois, Jean Buridan) est tout occupée à enfiler ses habits de Noël. En effet, le centre ville voit émerger une cité éclatée entre la chapelle Saint Pry, l'hôtel de Beaulaincourt et la Grand Place. L'animation principale sera incontestablment le marché de Noël, du 6 au 24 décembre, dont les chalets s'éparpillent au pied d'un édifice célébre : le beffroi.
Depuis le XIXème siècle, le beffroi est isolé au milieu de la Grand Place. Mais en l'espace d'un mois, il plonge au coeur de la cité de Noël. De quoi raviver la mémoire de ce témoin privilégiée de la vie de la cité. C'est par lettres patentes du 27 octobre 1346, qu'Eudes de Bourgogne, seigneur de Béthune, autorise les bourgeois construire un beffroi, qui abritait à l'époque une prison. La copie de la charte reste consultable à la médiathèque Elie Wiesel.
A l'origine, une tour de bois fut constuite mais elle s'effondra rapidement. En 1388, le seigneur de Béthune, Guillaume de Namur, accorde la reconstruction du beffroi actuel, en grès de pays cette fois. Beaucoup moins libéral que ses prédécesseurs, il refuse l'établissement des prisons municipales. Alors construit sur quatre pilastres, le beffroi préserve un passage sous sa tour.
Son édification symbolisait à l'époqe l'octroi des libertés communales. Il prit la forme d'une tour carrée de 30 mètres de hauteur. La partie supérieure de 17 mètres, où se trouvent les cloches, fut construite en 1503. Les particuliers eurent bientôt la possibilité d'adosser contre ses murs des constructions en planches, progressivement remplacées par des maisons.
La première guerre mondiale détruisit le beffroi et les maisons qui l'entouraient. Le couronnement de la Tour fut totalement détruit. La reconstruction du beffroi donna lieu à de vives polémqiues. Finalement, on préféra le laisser isolé au milieu plutôt que d'élever un hôtel de ville au pied de cette tour. C'est Paul Degez, architecte de la ville, qui sera chargé de réparer cet édifice. Le beffroi sera finalement classé monument historique en 1927.
Au cours des iècles, il a été témoin de la vie de la cité. Nul doute qu'en flânant dans les allées du marché de Noël, les béthunois léveront les yeux sur ce géant de pierres.
A. Willay (parution dans La Voix du Nord, le 8 décembre 2002)