Dimanche, c’est la fête des mères. Une fête aux origines anciennes et américaines qui est célébrée de différentes manières selon les pays. Une tradition propagée en Europe par les soldats américains pendant la première guerre mondiale. Nous sommes le 4 février 1926. Le conseil municipal convoqué par le Maire Alexandre Ponnelle s’est réuni à la Mairie , rue du Collège. Une séance qui s’annonçait ordinaire durant laquelle allaient être évoqués quinze points à l’ordre du jour parmi lesquels la reconstruction de l’école Sévigné ou encore le curage du port public de Béthune. La lettre d’une béthunoise (habitante de la rue Michelet) au premier magistrat allait déplacer le débat vers la question des femmes et plus précisément celle des mères. Elle a attiré l’attention d’Alexandre Ponnelle sur les revendications de l’association « les Amies de l’ouvrière » réclamant : « une prime d’allaitement aux femmes nourrissant aux biberons, un secours spécial aux filles mères… »…une liste de revendications digne de celle du 1er mai ! Le Maire n’éluda pas la question en lui répondant notamment que « la prime d’allaitement ne s’accorde qu’aux femmes qui nourrissent au sein. De même, toute fille mère peut plusieurs mois avant son accouchement présenter à la mairie une demande d’assistance aux femmes en couches. Dès la naissance de l’enfant, elle peut obtenir un secours d’assistance aux filles mères ». Cette anecdote historique montre bien qu’en 1926, le sort des femmes, et plus particulièrement celui des mères, préoccupe la société. Ce n’est peut être pas un hasard, si quelques mois plus tard, la mère fut célébrée. En effet, le 20 avril 1926 a lieu la première cérémonie officielle nationale avec remise des médailles de la famille française accordées aux mères, dans un contexte de développement de la politique nataliste, à un moment où la fécondité était érigée en vertu civique. Une date officielle bien tardive si l’on sait que la fête des mères a vu le jour en France grâce à Napoléon, au XIXème siècle ! Cette fête s’est institutionnalisée au cours de la première partie du vingtième siècle. C’est à l’Union fraternelle des pères de famille méritants d’Artas que l’on doit la première célébration des mères, en juin 1906. Une célébration locale et officieuse qui s’est déroulée en Isère. Le 25 mai 1941, Philippe Pétain institua « la journée nationale des mères ». Une tradition qui gagna le plus haut sommet de l’Etat. Le premier Président de la IVème République , Vincent Auriol signa le 24 mai 1950 la loi instituant la fête des mères. Son histoire, loin d’être terminée, ne faisait alors que débuter.
A. Willay (parution dans La Voix du Nord, le 30 mai 2006)
Illustration : Vincent Auriol, Président de la République qui institua la fête des mères.