En cette fin de mois de juin, les édiles béthunois n’ont pas prévu de déplacement particulier dans une des villes jumelées. A la fin juin 1965, l’agenda du Maire de Béthune prévoyait pourtant un déplacement dans la ville belge de Courtrai.
Le 27 juin 1965, avant la période estivale, une délégation d’élus béthunois était invitée à se rendre dans la ville voisine de Courtrai. Une visite pour entretenir un jumelage ou une amitié particulière entre Béthune et la ville de Flandre occidentale ?
En 1965, Béthune était bien jumelée avec Schwerte mais n’avait pas de liens similaires avec Courtrai.
En fait, c’est dans le cadre de festivités patriotiques organisées par les sociétés de Courtrai, que les édiles béthunois ont accompagné le Comité d’entente des anciens combattants et anciens militaires de Béthune. Il s’agissait pour les belges de célébrer le 25ème anniversaire du début en Belgique de la seconde guerre mondiale et le 20ème anniversaire de la fin du conflit. Le Maire Henri Pad accompagné de deux de ses adjoints André Brehon et Jacques Appourchaux avait donc répondu favorablement à l’invitation du bourgmestre Lambrecht.
Dans son allocution à l’adresse du bourgmestre et des échevins, Maître Pad a évoqué le rapprochement des peuples français et belges grâce à une histoire commune : « en 1914, nous devions faire front une première fois contre l’envahisseur, renouvelant cette invasion en 1940…C’est la que nous devions forger dans le malheur des guerres une amitié éternelle… ».
Des propos qui montrent que la relation d’amitié naissante franco belge a des explications historiques.
Comme Béthune, Courtrai a un passé riche qui s’est parfois heurté à celui de la France. Parmi les grands événements ayant marqué la ville belge figure la bataille des éperons d’Or du 11 juillet 1302. A l’occasion de celle-ci, la ville fut occupée par les troupes françaises. Courtrai fut donc témoin de l’affrontement entre le Roi de France Philippe IV le Bel et les milices communales flamandes. Un conflit synonyme de déroute pour les troupes françaises. Des relations franco belges qui se sont fort heureusement pacifiées.
Quatre ans après la visite de la délégation béthunoise, un pacte d’amitié fut signé en septembre 1969 entre les deux villes de l’Europe du Nord. Un rapprochement qui allait dans le sens du développement de l’idée européenne après 1945. Mais qui n’allait pas durer.
Arnaud Willay (parution dans la Voix du Nord, le 25 juin 2006)
Illustration : Comme celui de Béthune, le beffroi de Courtrai est classé au patrimoine mondial de l'Unesco.