Le bassin minier est au cœur de l’actualité. C’est jeudi 30 janvier que l’association « bassin minier UNESCO 2005 » a officiellement lancé sa candidature afin que le bassin minier soit inscrit au patrimoine mondial de l’humanité. Le patrimoine minier qui mérite sans doute une reconnaissance mondiale est le symbole du passé de notre région. Ce passé pas si lointain est aussi contenu dans les archives.
Même si Béthune n’est pas à proprement parler au cœur du bassin minier, l’existence de la compagnie des mines de Béthune nous renvoie à une histoire qu’il faut regarder sans sombrer dans la nostalgie. Le Centre des Archives du Monde du Travail (service déconcentré des Archives nationales) de Roubaix conserve un fonds d’archives sur les mines de Béthune. Ces archives sont particulièrement intéressantes car elles mettent en exergue un aspect peu connu de l’histoire des compagnies minières : celui des activités extérieures menées par celles-ci.
Ces archives montrent que la compagnie des mines de Béthune a mené au début du 20ème siècle, une politique de participation active grâce à son président, Louis Mercier. Son action permit à la compagnie de Béthune de s’ouvrir sur l’extérieur. En analysant les documents contenus dans le fonds, on arrive même a avoir une vision globale de la situation des charbonnages du Nord Pas-de-Calais. Louis Mercier, lors de son discours prononcé à l’occasion de son installation à la présidence de la société des ingénieurs civils de France déclarait : « Si nos charbonnages du Nord Pas-de-Calais sont encore très éloignés de la période ou l’on pourra prévoir leur déclin, nous ne devons pas moins nous préoccuper des découvertes récentes, des développements des affaires jeunes en voie de préparation, susceptibles de modifier dans un temps plus ou moins rapproché la situation de notre marché commercial ».
Ce fonds sur les participations de la compagnie des mines de Béthune est important. Les participations représentent environ 200 dossiers. Ces investissements de la compagnie minière se caractérisent par leur grande diversité. En effet, Louis Mercier avait investi dans plusieurs secteurs : minier, métallurgique, électrique, naval. La qualité et la diversité des documents accentuent la valeur de ce fonds. Les sources sont diverses et renforcent la qualité des archives de la compagnie des mines de Béthune : documents législatifs, statistiques, correspondance, rapports des instances dirigeantes de la société, plans… Sans trop dévoiler le contenu de ce fonds, on peut au moins dire que la participation la plus importante des mines de Béthune s’est effectuée en faveur des charbonnages Limbourg Meuse (bassin minier belge). On peut même dire que cette compagnie minière belge a été créée grâce à la participation des mines de Béthune. Toutefois, on peut se poser une question : pourquoi la compagnie de Béthune a investi massivement dans le bassin houiller belge de la campine ? Nul doute que les amateurs d’histoire des mines iront consulter ces archives de la compagnie des mines de Béthune pour éclaircir cette question. Ces documents précieusement conservés à Roubaix n’ont peut être pas encore livré tous leurs secrets. Arnaud Willay (parution dans La Voix du Nord, le 9 février 2003)