La fin du mois d'août est traditionnellement marquée par la rentrée politique qui prendra une dimension supplémentaire à cause des prochaines échéances électorales. A Béthune, c'est la braderie de demain qui donne l'occasion aux politiques locaux de prendre le pouls de
Après avoir déclaré la guerre à l'Allemagne Hitlérienne le 3 septembre 1939, le gouvernement français est entraîné dans un engrenage qui allait lui être fatal. Un engrenage qui l'a mené tout droit à la défaite militaire de mai-juin 1940. Après la signature de l'Armistice le 22 juin 1940, le Maréchal Pétain prend le pouvoir en instaurant le tristement célèbre régime de Vichy. La France n'avait pu éviter de rentrer dans un conflit qui s'avérera terrible : la seconde guerre mondiale.
C'est dans ce contexte que le Maire de Béthune, Gustave Boudry, désigné par les Allemands, a réuni un conseil municipal le 28 août 1940 pour une rentrée politique très particulière. Il a au moins le mérite de nous faire découvrir les conséquences financières de l'état de guerre et de l'occupation allemande de la ville, effective depuis mai 1940.
On y apprend que les dépenses engagées par la ville pour le ravitaillement de l'hôpital militaire et des prisonniers de guerre peuvent être chiffrées mensuellement à 550 000 francs.
Par ailleurs, le Maire était appelé à réquisitionner des fournitures pour les troupes. En vue du paiement de ces réquisitions, le conseil a été amené à voter une demande de crédit de 500 000 francs.
A côté de la question financière, la guerre a aussi des conséquences directes sur l'organisation de la collectivité et notamment sur les charges qui incombent au premier magistrat. En effet, il faut savoir que sous l'occupation, les fonctions du Maire sont devenues très lourdes. Il devait sans cesse être à la disposition des autorités allemandes afin de traiter sans délais certaines demandes. Il était impossible pour Gustave Boudry d'assurer ses fonctions d'avocat. Une indemnité spéciale lui fut donc accordée à titre exceptionnel. Une situation qui confirmait la mainmise de la Kommandantur allemande sur une administration béthunoise, contrainte et forcée, au service de l'occupant. Un assujettissement qui n'allait pourtant pas éviter la répression allemande qui n'allait faire que s'amplifier au fil des mois. Compte tenu de la situation, les autres questions traitées lors de ce conseil du 28 août tel que les indemnités réservées au personnel semblaient quelque peu dérisoires !
Arnaud Willay (parution dans La Voix du Nord, le 27 août 2006)