Lundi dernier, 520 000 classes ont accueilli les élèves. La rentrée est une véritable institution dans notre pays. Il faut dire que l’éducation nationale est un sujet incontournable et sensible qui a mis dans la tourmente nombre de gouvernements. Déjà au XVIème siècle, à Béthune, l’éducation préoccupait nos échevins.
Si l’histoire de l’éducation contemporaine est connue, celle de période comme le XVIème siècle est souvent sujet à interrogations. Replongeons-nous donc dans le dictionnaire historique et archéologique du Pas-de-Calais publié en 1875 par la Commission départementale des monuments historiques qui nous donne des indications précises sur l’éducation à Béthune.
On y apprend que l’éducation populaire n’avait jamais été prise en compte dans la cité de Buridan. Certes, les riches avaient des maîtres particuliers. Les seigneurs de Béthune, eux, appartenaient à des maisons riches et puissantes où l’instruction n’était pas absente. Quand aux gens d’église, ils s’instruisaient dans des écoles tenues par des ecclésiastiques. Toutefois, à Béthune, il n’existait pas d’établissement d’instruction des pauvres.
C’est le 4 juillet 1579 que les échevins de Béthune désirant pourvoir à l’instruction des enfants pauvres de la ville ont acheté une maison qui servit de maison d’école. D’après les sources, cette maison se situait rue du sac où rue de la Calendre (près de la rue poterne).
Le maître y reçut tous les enfants pauvres pour les instruire en mettant un accent sur la religion, le catéchisme. Toutefois, l’écriture et l’arithmétique étaient aussi enseignées.
Il devait aussi conduire les enfants aux églises Saint Vaast et Saint Barthélémy le dimanche. Le maître reçut de l’administration municipale chaque semaine et pour chaque enfant la somme de dix sols pour leur nourriture, le feu, le blanchissage…
Cet intérêt pour l’enseignement au seizième n’est pas étonnant. En effet, le contexte historique était propice à l’instruction. Avec la naissance de l’imprimerie, l’écriture et le savoir deviennent accessibles à tous. Les grands humanistes du XVIème siècle éditaient les grands auteurs de l’antiquité gréco-latine. On vit même naître de petites écoles destinées à l’instruction des enfants. Mais, ce qui frappe, c’est l’extrême attention portée aux pauvres. Si la nourriture et les vêtements étaient distribués depuis longtemps, il faut bien dire que ce désir de les instruire constituait une nouveauté. On assistait ainsi à la naissance d’une véritable éducation populaire à Béthune. Des échevins qui avaient appliqué bien avant l’heure la maxime prononcée plusieurs siècles après par le révolutionnaire Danton : « Après la pain, l’instruction est le premier besoin du peuple ».
Arnaud Willay (parution dans La Voix du Nord, le 10 septembre 2006)
Illustration : vue de Béthune au XVIème siècle, d'après Q. Van Den Gracht.