Depuis le onzième siècle, les seigneurs octroyaient des chartes à leurs sujets. Les actes communaux écrits accordés par les seigneurs de Béthune sont nombreux. La Charte d’octobre 1210, voulue par Guillaume II, mérite une attention particulière.
La féodalité a été un élément marquant du moyen âge. Dans le régime féodal, les seigneurs qui s’engageaient envers un seigneur plus puissant, recevaient des fiefs. Ils régnaient sur des territoires. La seigneurie de Béthune a connut nombre de seigneurs, de Robert Ier à Guy de Dampierre en passant par Guillaume II.
Ces seigneurs ont accordé à la population différents privilèges consignés dans des Chartes. Ces documents étaient considérés comme un instrument de pouvoir dans les sociétés médiévales. Guillaume II l’avait bien compris.
Le 10 octobre 1210, il octroya une Charte à son retour de la quatrième croisade. Cette charte conservée aux Archives nationales confirma les termes de celle de 1202 en expliquant que les habitants de la ville étaient placés sous la juridiction échevinale.
L’aspect le plus important de ce document symbolisant les libertés communales c’est la reconnaissance par les seigneurs de Béthune du pouvoir des échevins sur les habitants en soulignant que « nous ne pourrons les assujettir à la puissance ni à la loi d’aucune autre ville ». En d’autres termes, les magistrats communaux avaient un pouvoir étendu sur l’administration de la commune et une certaine indépendance dans sa gestion.
Cette Charte concernait les personnes (les échevins, bourgeois et habitants de la ville) et non la ville de Béthune à proprement dit. En effet, au 13ème siècle, la commune n’avait pas encore de personnalité juridique. Elle ne pouvait donc pas posséder un patrimoine propre ni jouir de droits spécifiques. Les rois Philippe I Auguste et Louis XVIII ont largement favorisé de 1180 à 1226 l’émancipation des communes. Philippe Auguste avait bien compris qu’il avait intérêt à développer le mouvement communal en s’appuyant sur la bourgeoisie locale. Un essor éphémère car dès le XIVème siècle et en particulier sous Henri IV, tous les privilèges des communes tombèrent en oubli.
Les Chartes féodales constituent des sources irremplaçables pour comprendre l’histoire du moyen âge. Celle accordée par Guillaume II, trois ans avant sa mort, permet par bien des aspects d’éclairer le passé médiéval de Béthune.
Arnaud Willay (parution dans La Voix du Nord, le 15 octobre 2006)
Une Charte d'octobre 1210 reconnaît les échevins
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