Le 14 janvier 1858, le régime dirigé par l'empereur Napoléon III a failli vaciller. C'est à cette date qu'il a été victime d'un attentat. Les conséquences de cet acte ont connu des répercussions jusqu'à Béthune.
C'est au début du mois de janvier 1858 que l'empereur Napoléon III et l'impératrice Eugénie échappent à un attentat perpétré par le révolutionnaire italien Felice Orsini. Orsini qui prônait la réunification italienne reprochait à Napoléon d'entraver l'unification du pays.
Il est intéressant de voir que cet attentat a eu un retentissement jusque dans les communes. C'est en tout cas ce que montrent les archives de celles-ci. A Béthune, la délibération prise le 19 janvier 1858, conservée aux Archives municipales, l'illustre bien.
Afin de montrer son indignation, Henri De Bellonnet, Maire, a fait adopter une Adresse à sa majesté l'empereur des français : « Un attentat monstrueux qui soulèvera l'indignation du monde entier, vient de mettre en péril les jours de votre majesté. les machinations les mieux ourdies ne prévaudront jamais contre la volonté qui associé la France à votre destinée. le Conseil municipal pénétré de reconnaissance envers la providence qui a fait échouer l'exécrable tentative dirigée contre l'Empereur et sa noble compagne dépose à leur pied l'hommage de son respectueux dévouement ».
Cette réaction béthunoise qui s'apparente à de la soumission au régime en place n'était guère étonnante. Napoléon III qui s'était fait proclamé Empereur le 2 décembre 1852 exerça un pouvoir absolu. La Constitution de 1852 consacrait les pouvoirs d'un seul homme. Les institutions en apparence démocratiques avaient pour but de conforter le pouvoir personnel de Napoléon III.
Le Maire de Béthune fut d'ailleurs confirmé par le pouvoir en place par un décret de 1852. Les rares voix d'opposition, parmi lesquelles l'opposition républicaine, furent muselées. Cette situation nous éclaire sur le rôle du Maire durant le Second Empire. Le Maire était en fait sous tutelle. Tout au long du 19ème siècle, il est considéré comme le prolongement du bras de l'Etat. Sous Napoléon III, le Maire est nommé par le chef de l'Etat ou par le Préfet. Il était en fait à la botte du pouvoir en place. A Béthune comme ailleurs, on était bien loin des idéaux républicains proclamés par l'actuelle Constitution de 1958.
Arnaud Willay (parution dans La Voix du Nord, le 14 janvier 2007)
Illustration : Napoléon III