La disparition de l’abbé Pierre a provoqué une grande émotion dans le pays. 52 ans après son appel de l’hiver 1954, force est de constater que la misère existe encore. Une détresse humaine présente aussi à Béthune, comme l’attestait la présence d’un bureau de bienfaisance.
Les bureaux de bienfaisance institués en l’an V (1796-1797) avaient pour but d’apporter une aide sociale aux populations les plus démunies. Leur création était facultative et laissée à l’initiative des communes. Les archives la ville témoignent de l’existence d’un bureau de bienfaisance à Béthune. Les registres des délibérations de ce bureau d’aide sociale témoignent de conditions sociales souvent difficiles.
La délibération prise par les administrateurs du Bureau présidé par le Maire Charles Dellisse Engrand le 29 avril 1875 montre bien les besoins de la population locale et l’organisation de l’aide sociale aux plus démunis à la fin du 19ème siècle.
Concernant la distribution de charbon, « en 1873, le nombre d’hectolitres distribués était de 840 environ. En 1873 et 1874, l’administration ayant obtenu gratuitement du charbon des mines houillères de l’arrondissement, les distributions ont pu être faites avec plus de largesse que les années précédentes ». Une distribution d’autant plus importante que le charbon constituait une source d’énergie essentielle symbolisant au 19ème siècle le passage d’une société agricole à une société industrielle.
A côté des ressources nécessaires à la vie de tous les jours, différents services étaient proposés aux moins aisés par le Bureau de Bienfaisance. Concernant le service médical « l’administration n’a que des éloges à donner sur le compte des médecins attachés à l’établissement pour les soins empressés et éclairés qu’ils ne cessent de donner aux pauvres de la ville… ». L’accès aux médicaments était aussi prévu. Tous les pauvres recevaient gratuitement les produits de la pharmacie sur présentation d’une ordonnance.
A la fin du 19ème siècle, l’assistance aux plus démunis faisait donc l’objet de toutes les attentions. Tous les ans, le Maire, accompagné des administrateurs du Bureau de Bienfaisance, visitait les pauvres à domicile pour s’assurer des besoins de chacun. En 2007, comme en 1875, l’assistance aux plus démunis est une nécessité. Les Bureaux de bienfaisance ont été remplacés par les Centres Communaux d’action sociale (CCAS). A travers l’histoire, la misère malheureusement perdure !
Arnaud Willay (parution dans La Voix du nord, le 28 janvier 2007)
Illustration : Charles Dellisse-Engrand, maire, présidait le bureau de bienfaisance en 1875.