Les élections à venir, qu’elles soient présidentielles ou législatives, constituent un grand moment démocratique. Au moyen-âge, les magistrats communaux nommés échevins étaient aussi élus. Mais, on était très loin des principes actuels de l’élection au suffrage universel !
Ils dirigeaient les affaires de la ville. A en croire la première charte octroyée par Guillaume, seigneur de Béthune, en 1210, les échevins étaient à Béthune les représentants officiels de la commune. Leur pouvoir était reconnu par plusieurs chartes octroyées par les seigneurs de Béthune. Pour accéder à ces responsabilités, les échevins étaient élus.
C’est la charte concédée en 1334 par Eudes de Bourgogne et Jeanne de France qui décrit les détails de cette élection. Tous les ans, les élections avaient lieu en grande pompe, en présence de toute la ville « au jour Saint Thomas l’apôtre », c'est-à-dire le 21 décembre. Les cinq échevins qui avaient été élus l’année précédente et qui avaient une année d’exercice nommaient les cinq échevins nouveaux. Toutefois, avec ce système, les échevins se réélisaient entre eux ! Un nombre très restreint de personnes pouvait accéder à la direction des affaires de la ville. Les échevins, avec ce système d’élection, avaient aussi une indépendance totale vis-à-vis du pouvoir royal.
Dès 1516, l’Empereur Charles Quint (1500-1558) tenta de remédier à cette situation. C’est le Roi qui se réservait la possibilité de nommer directement ses magistrats communaux. Il procédait lui-même à l’élection des échevins. Le Roi n’hésitait pas à casser une élection qui lui déplaisait. Avec cette mainmise royale, les échevins perdaient leur indépendance. Une situation qui annonçait le déclin du pouvoir échevinal. Leur nombre qui avait été de dix durant plusieurs centaines d‘années fut réduit à six. Un arrêt de Louis XV reproduit dans le recueil des documents relatifs à l’Histoire du droit municipal en France des origines à la Révolution par Georges Espinas explique que « le corps des villes de Béthune, Aire, Lens, Bapaume et Hesdin seront composés d’un mayeur et de six échevins ».
Avec la Révolution de 1789, les échevins disparaissent. A Béthune, ils ont donné une certaine impulsion au commerce et à l’industrie de la ville à un tel point que l’on qualifiait la cité de Buridan de ville florissante à la veille de la Révolution.
Arnaud Willay (Parution dans La Voix du Nord, le 18 février 2007)
Illustration : Charles Quint