Le 1er mai, c’est la fête du travail avec ses symboles : muguet, revendications syndicales. Bien avant le 1er mai 1886 date à laquelle la pression syndicale permet aux travailleurs américains d'obtenir la journée de huit heures, le 1er mai apparaissait à Béthune dans un autre contexte. En 1878, loin de ces symboles, le 1er mai constituait une date butoir non pas pour les salariés mais pour les militaires de la garnison de Béthune.
Une date butoir pour une question examinée lors du conseil municipal du 8 avril 1878 : celle du remboursement des droits d’octrois perçus sur les viandes consommées par la garnison qui devait cesser à partir du 1er mai 1878. De quoi s’agissait-il ?
En fait, la ville avait accordé aux militaires en garnison l’exonération momentanée des droits d’octroi sur les viandes suite aux réclamations exprimées par l’autorité militaire en 1870. En effet, les bouchers de Béthune faisaient payer la viande fournie aux militaires plus cher que dans les autres divisions de la ville.
Huit ans après cette faveur, le contexte financier avait changé pour Béthune. La perte des droits d’octroi engendré par cette mesure est devenue pour la ville importante. Alors, accordait-on ailleurs l’exonération des droits d’octroi ? A Douai, Lille, Arras, Boulogne, Saint-Omer aucune exception n’était faite en faveur des soldats de la garnison qui étaient eux soumis au paiement des droits d’octroi. Et le conseil municipal de conclure que dès le 1er mai 1878, l’administration municipale ne remboursera plus les droits d’octroi perçus sur les viandes consommées par la garnison. Nul doute que les militaires en garnison se sont longtemps souvenus de cette date.
Arnaud WILLAY (parution dans La Voix du Nord, le 30 avril 2011)