Après celui du Mont Lièbaut, la Ville de Béthune a lancé un marché dans le boulevard Poincaré, le samedi après-midi. Des marchés qui sont appréciés par la population locale. Déjà, en 1896, des béthunois s’étaient même mobilisés pour la création d’un marché.
Il y a des pétitions qui par manque d’argumentation ne suscitent guère d’intérêt. Celle exposée aux élus lors du conseil municipal du 4 février 1896 a un intérêt particulier : réalisée par des béthunois pour l’obtention d’un marché place Lamartine, elle montre bien les enjeux d’une telle revendication.
Les habitants de la place Lamartine revendiquaient en fait la mise en place d’un marché pour des raisons économiques qui « donnerait à ce quartier absolument déshérité un peu d’activité et de mouvement ». Les pétitionnaires souhaitaient voir s’implanter dans leur quartier le marché aux pommes de terre. Parallèlement, ils réclamaient aussi lors de la foire de mars, l’installation d’une partie des baraques des saltimbanques. En effet, en 1896, les forains privilégiaient leur installation place de la République, au détriment d’une occupation de la place Lamartine. Et ceux également pour des raisons économiques. Interpellé par ses administrés, le Maire Alfred Legillon se devait de répondre. Ses propos laissaient apparaître une certaine amertume en se résignant à constater le manque de considération des forains pour la place Lamartine et en montrant une certaine impuissance « les réformes sont délicates. Il cite l’exemple de 1894 : une simple modification apportée dans l’installation qui a été faite dos à dos comme cela se pratique dans beaucoup de villes, a suscité des réclamations et des plaintes. Les forains prétendirent n’avoir pas fait de recettes… ».
Cette pétition laisse en fait bien percevoir l’importance qu’avaient les marchés pour la vitalité d’un quartier et d’une manière plus générale pour la vitalité d’une ville. En accueillant depuis le moyen-âge le marché aux grains, la Grand Place ne constituait elle pas le principal poumon économique de la ville ? Le marché aux grains généra aussi l’apparition de corporations à vocation économique, comme celle des porteurs aux grains. C’est dire le rôle essentiel joué par les marchés dans le passé de la ville.
Arnaud Willay (parution dans La Voix du Nord, le 11 février 2007)