Mardi dernier, le conseil municipal a voté le budget de la ville. Un acte qui détermine les investissements à venir et donc particulièrement important pour une commune et ses habitants, surtout au sortir d’une guerre dévastatrice !
De 1914 à 1918, Béthune a subi les conséquences de la première guerre mondiale. La ville offrait un paysage de ruine et de désolation après ces quatre années de guerre. Car si les Allemands n'ont jamais pris Béthune, leur artillerie, dont une borne marque l'avancée entre Essars et La Couture, avait pilloné le centre-ville. C’est donc dans un contexte que l’on imagine pesant que les élus convoqués à l’école Paul Bert ont voté le 8 janvier 1919 le premier budget d’après guerre. Un exercice qui s’avérait périlleux pour Monsieur Morel qui occupait à cette époque les fonctions de Maire.
Monsieur Pignon conseiller municipal et rapporteur de la commission des finances signalait lors de ce premier conseil municipal de l’année que « malgré d’importantes diminutions dans les ressources de la ville, le budget 1919 peut être établi d’une façon sérieuse et effective ». Il résumait en somme très bien la situation financière de la ville après la guerre en expliquant que « si en recettes tout diminue, en dépenses tout augmente ». Toutefois, il n’était pas question de tomber dans le catastrophisme : « c’est grâce à la suppression de dépenses qui ne s’imposent pas pour le moment, que l’équilibre s’est établi entre les recettes et les dépenses et c’est pourquoi il est possible de vivre normalement avec les prévisions budgétaires ». Au final, l’ensemble du budget primitif mis aux voix a été adopté à l’unanimité.
A côté du vote du budget et de son adoption par le conseil municipal, il est intéressant de constater que l’aspect financier de la future reconstruction de la ville était évoqué. Une reconstruction qui allait avoir des répercussions sur le budget de la ville. C’était tout le sens de l’intervention de Monsieur Daquin : « je crois pouvoir parler de la reconstitution prochaine de la ville qui est une question financière ». Ce conseiller municipal proposa la nomination d’une commission chargée d’examiner les aspects de la reconstruction de la ville : étude d’un plan d’alignement pour le centre dévasté, assainissement de la ville, rétablissement de l’éclairage, remise en état des écoles, collèges et autres bâtiments unicipaux…. Ce catalogue de mesures qui allait avoir des impacts sur les prochains budgets municipaux. Après quatre années de guerre, le but était de retrouver un équilibre financier pour financer les projets de reconstruction d’une ville meurtrie.
Arnaud Willay (parution dans La Voix du Nord, le 25 février 2007)
Illustration : la reconstruction de la mairie allait avoir des incidences sur le budget de la ville.