L'art déco, un art de rupture
La Grand-Place, son beffroi, son hôtel de ville et ses façades. Tel pourrait être le titre d'un guide touristique sur Béthune. En effet, les façades servent en fait d'écrin à un beffroi bien isolé au milieu de la Grand-Place. Illuminées récemment, les facades traduisent l'existence d'un art régional développé au moment de la reconstruction des années 1920 : l'art déco. C'est l'architecte Jacques Alleman, chargé à l'époque de ce vaste chantier, qui installa l'art déco au coeur de la place. Mais que recouvre cet art inscrit sur les bâtiments proches de l'hôtel de ville et que le public contemple quotidiennement?
Le style art déco tire son nom de l'Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes qui s'est tenue à Paris en 1925. Cette manifestation, dans la capitale, va en quelque sorte légitimer l'art décoratif. Elle regroupa les grands noms des arts décoratifs comme Lalique, Brandt, Chareau...Elle se développa en rupture avec les formes élaborées, héritées de la fin du XIXème siècle. C'est la raison pour laquelle les années vingt furent une période faste pour l'Art déco.
Cet art se tourne vers des formes épurées et géométriques privilégiant les constructions monumentales. Il n' a pas uniquement concerné l'architecture. L'Art déco toucha aussi les meubles, l'habillement...
Ce courant marque essentiellement les années de la reconstruction consécutives à la Première guerre mondiale. Il s'essoufla au cours des années trente pour être remplacé par le mouvement allemand du Bauhaus. L'art déco restera comme un art qu a façonné durant des siècles le visage d'une ville meurtrie par des années de guerre.
A. Willay (parution dans la Voix du Nord, le 27 août 2005)