Avec la session extraordinaire du Parlement français et la cascade de projets de loi au programme des députés, la politique ne prend pas de vacances. En 1925, déjà, les béthunois avaient passé un mois de juillet très politique.
« J’ai accepté d’être candidat aux élections cantonales du 19 juillet 1925…tous ceux qui me connaissent savent que je ne brigue pas ce mandat pour satisfaire une ambition personnelle. A l’heure actuelle, les intérêts du pays sont gravement menacés à l’extérieur comme à l’intérieur. Nous sommes à la veille d’une crise économique, financière et sociale d’une extrême gravité et il faut sans tarder redresser la situation avec vigueur ». Cette déclaration datant du 12 juillet 1925 effectuée par le candidat républicain, le docteur Louis Leleu a le mérité d’être explicite. Elle place l’élection cantonale et ses enjeux nationaux au cœur du débat politique béthunois…en plein mois de juillet.
Le sentiment exprimé quelques jours avant l’élection cantonale par le conseiller municipal de Béthune dépeint une situation nationale préoccupante comme le montraient les difficultés croissantes du gouvernement Herriot. La France connaît un déficit budgétaire persistant qui entraîne une dépréciation de la monnaie et une augmentation des prix. La démission du gouvernement Herriot en avril 1925 ne fait qu’accroître la crise politique… et les difficultés du cartel des gauches, coalition regroupant les radicaux et les socialistes.
Sept jours avant l’élection, le docteur Leleu donna sa vision de la politique du pays : « au point de vue extérieure, la France doit avoir une politique digne de son passé et fidèle à ses traditions démocratiques…au point de vue intérieure, je désire une République ordonnée et réformatrice…au point de vue social, je suis partisan d’une politique généreuse et hardie de réformes ». Des critiques qui ont sans doute favorisé l’élection du docteur Leleu, candidat d’Union Républicaine face à ses adversaires socialistes et communistes, messieurs Vignon et Duport. D’ailleurs, la victoire de Leleu était analysée par la presse de l’époque comme une désapprobation du canton de Béthune vis à vis de la politique menée par le cartel des gauches. Une politique qui allait encore durer jusqu’en 1926 !
Arnaud Willay (parution dans La Voix du Nord, le 22 juillet 2007)