Qu'allez vous faire ce dernier jour de l'année ? Sans doute préparer le réveillon mais aussi peut être tirer le bilan de l'année écoulée. En 1922, la presse béthunoise avait dressé un bilan de l'année négatif.
« Il n'est pas probable que d'abondantes fleurs soient déposées sur la tombe de cette pauvre année 1922 qui n'a rendu de services à personnes ». A la lecture des éditions de la presse locale des 30 et 31 décembre 1922, cette année n'a guère été florissante pour le pays : « la France se dépeuple rapidement. Contre la mortalité qui ravage non seulement nos villes mais encore nos villages rien que des lois d hygiène que personne n applique et des projets de loi qui dorment aux oubliettes du Parlement ». Sur le plan national, 1922 a été marqué par une certaine instabilité politique illustrée par la démission du Président du Conseil Aristide Briand. Sur le plan international, les perspectives n'étaient pas réjouissantes. En Italie, le Parti National Fasciste incarné par Benito Mussolini prenait le pouvoir.
Mais quel bilan pouvait-on tirer à Béthune de l'année 1922 ? La situation financière de la ville constitue souvent un indicateur précieux pour juger de sa santé. Lors du conseil municipal du 3 novembre, les propos de Monsieur Fontaine, conseiller municipal, rapporteur du budget étaient prudent : « nous ne pouvons, nous ne devons pas encore, en 1923, atteindre la stabilisation des budgets d'avant guerre. Néanmoins, à certains indices, il est permis d'en prévoir le retour ».
A l'espoir de voir s'assainir la situation financière, succédait aussi un autre message encourageant. Celui apporté par Monsieur David lors du conseil du 31 mai 1922, rapporteur des travaux de la Commission municipale en vue d'élaborer le plan de reconstruction de la ville et des édifices municipaux : « Sans doute le programme est il encore loin de son achèvement. On peut estimer qu'un assez long chemin, hérissé de difficultés particulières a été parcouru dans la voie des réalisations totales. On, peut exprimer l'espoir que la marche en avant ne sera ni arrêté ni ralentie ». Ce qui est certain, c'est que l'action des élus ne sera ni arrêtée ni ralentie pour la reconstruction d'un nouvel Hôtel de Ville. La discussion houleuse qui s'était tenue en conseil le 28 juillet 1922 a abouti à une déclaration sans ambiguïté pour l'édification de la mairie: « il faut que chacun prenne ses responsabilités, nous ne devons pas laisser l'impression de polichinelles, ayons le courage d'une décision ». A défaut d'avoir été décisive pour Béthune, l'année 1922 aura au moins été constructive !
Arnaud Willay (parution dans La Voix du Nord, le 31 décembre 2006)