Ce dimanche, on fête les 20 ans du carnaval. La foire aux manèges qui envahit la ville renvoie elle à une tradition bien plus ancienne. On en parlait déjà au XIXème siècle…sur le ton de la revendication.
La foire, ce sont les manèges mais aussi les marchands forains. Des forains qui avaient exprimé leurs revendications auprès de la municipalité dirigée par Charles Dellisse-Engrand. Les béthunois connaissent c enom qu eporte une rue du centre ville où se dressent les ruines du couvent des Récollets. Cet homme politique de la seconde partie du XIXème siècle dort son dernier sommeil dans la sépulture la plus monumentale du cimétière Nord.
En 1865, donc, les forains avaient vivement critiqué la date d’ouverture de la foire d’hiver pour 1866. En effet, à l’époque, la foire de Béthune avait une programmation très proche de celle de Saint-Omer. Et pour cause ! Le Maire avait fixé le début de la foire au 6 mars. Au final Charles Dellisse-Engrand programma la manifestation le 16 mars, tout en conservant la date de la foire aux chevaux le 3 février (elle se déroulait sur le site de l'actuelle place Joffre, derrière la poste). La date de la foire béthunoise déplacée, les forains pouvaient profiter pleinement de celle de Saint-Omer le 15 février, puis celle d’Arras le 15 avril.
Il faut dire que Charles Dellisse-Engrand, Maire bonapartiste depuis 1862 et industriel ayant bâti sa fortune sur le sucre de betterave,, était bien placé pour cerner les enjeux économiques inhérents la demande des forains. Trente ans plus tard, en 1892, l’aspect économique n’était pas absent de la demande faite à la municipalité pour prolonger la foire jusqu’au lundi de pâques inclus en raison d’un temps exécrable. De nos jours, si les histoires de calendrier semblent réglées, il n’est pas certain que la Ville puisse intervenir pour faire venir le soleil !
Arnaud WILLAY (parution dans La Voix du Nord, le 2 mars 2008)